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11 juillet 2009

Les fondements secrets des croisades eurasiennes (Saïd Ahmiri - Mecanoblog)

Les fondements secrets des croisades eurasiennes

Par Saïd Ahmiri

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Le baiser de Judas

detentions_secretes_cia« God bless America » : qui donc ne connait pas ou n’a jamais entendu, à maintes reprises voire à chaque fin de discours propagandiste, cette parole expectative, issue de la chanson patriotique américaine d’Irving Berlin, de la même bouche néoconservatrice de l’ancien président George W. Bush qui affirmait haut et fort que feu le Raïs Saddam Hussein, l’ennemi de son père durant la Guerre du Golfe, avait des armes de destruction massives dans son arsenal vétuste et avait entretenu des liens très étroits avec Al-Qaeda lors des attentats du 11 septembre 2001 ? Lorsque le dogme se lie à la guerre, peu importe la vraie cause défendue en Afghanistan comme la libération des femmes, en Somalie comme l’arrêt de la piraterie financée et renseignée par la CIA ou en Irak comme la volonté d’apporter la pseudo liberté au peuple car la réelle démocratisation d’un pays n’approuvera jamais l’emploi tacite de la force punitive, génocidaire, faisant plus d’un million de morts, on ne parle plus d’un simple conflit d’intérêt mais bel et bien d’une croisade, un choc des religions armées et ce ne sont pas les djihadistes agressés en quête du retour du Califat qui vont le contredire. On ne parle plus non plus de tribunaux militaires mais de tribunaux ecclésiastiques. On ne parle surtout pas de torture mais de supplice codifié par les manuels de Langley. Comme jadis « l’usage de la torture posait un problème moral pour les inquisiteurs, qui, en tant que clercs, n’avaient pas le droit de verser le sang. Après un flou juridique initial, cette pratique est officiellement autorisée pour l’Inquisition en 1252 (bulle Ad extirpenda), sous réserve de ne conduire ni à la mutilation ni à la mort. » Wikipedia. D’Abou Ghraib en Irak à Bagram en Afghanistan jusqu’au camp de Guantanamo sur l’île de Cuba et sans occulter évidemment toutes les autres prisons secrètes européennes dites ” black sites ” en Roumanie, au Kosovo, en Macédoine, en Pologne, en Bulgarie et en Ukraine, les prisonniers ne doivent certainement plus parler de l’unique inhumanité de leurs gardiens mais du sadisme dégénéré des geôliers, ni même les considérer comme de véritables êtres humains mais juste comme des agents barbares du NKVD dans une archipel du goulag tout au plus écrirait feu le dissident Alexandre Soljenitsyne. Longtemps après l’ironique signature de la Déclaration universelle des droits de l’homme par l’Assemblée générale des Nations unies le 10 décembre 1948, les nations des coalitions guerrières dans ces deux pays d’Orient, « sur l’Axe du Mal » dixit George W. Bush, n’ont plus le droit éthique de sièger aux côtés des autres nations respectant cette charte tellement bafouée par la Chine et si méconnue de la Knesset et Tsahal d’Israël, une charte limite bonne à sanctionner les pays voyous qui refusent de marcher au pas du décadent Occident, Iran et Corée du Nord par exemple. « l’Eurasie reste l’échiquier sur lequel se déroule la lutte pour la primauté mondiale (…) quiconque contrôle ce continent, contrôle la planète. » Zbigniew Brzezinski, le Grand Echiquier.

Le marché de la guerre

ap_colin_powell_070313_sshRien de nouveau pour la rhétorique des péchés capitaux de l’avarice, de l’envie, de la gourmandise et de l’orgueil à ceci près que ce sombre épisode hypocrite de l’Histoire de l’Homme baptisée la sacro-sainte ” guerre contre le terrorisme ” et ses nombreux mensonges médiatiques, et sur-médiatisés jusqu’à la tribune de l’ONU un 5 février 2003 avec le fameux échantillon de Colin Powell lors des préambules de la conquête irakienne, ont pour diverses causes incontestablement inavouables au grand public, premièrement, les immenses ressources énergétiques de l’Asie Centrale dans le contexte de tentative impérialiste de contrôle global de la plaque eurasienne, comme si les Etats-Unis s’étaient donnés la mission sacrée de réguler la moindre goutte de pétrole dans le monde, avec pour adversaires l’éternelle Russie, et sa main basse sur le marché du gaz européen, cherchant à réaffirmer plus que jamais son statut de glorieux empire d’antan malgré la vague incessante de révolutions colorées pro-occidentales se déroulant à ses portes (révolution des roses en Georgie en 2003, révolution orange en Ukraine en 2004, révolution des tulipes au Kirghizstan en 2005). Ainsi que la vorace Chine expansionniste à la dépendance énergétique lourde, n’hésitant plus à installer ses industries minières en Afrique en heurtant au passage les intérêts de l’Amérique mais en se collant surtout l’étiquette de dernier pays pilleur-colonisateur. Et deuxièmement, le marché infiniment lucratif pour les complexes militaro-industriels où la guerre des drones a été déclarée entre General Atomics, EADS, Dassault-Thales notamment, pour ne citer ici que cette rude compétition économique entre les Etats-Unis (qui dominent le marché), Israël, l’Europe, l’Afrique du Sud, le Japon, la Corée du Sud, Singapour et la Malaisie, les principaux constructeurs d’avions sans pilote dans le monde, pendant que des sites de référence tel que Dedefensa suivent de très près, quasiment au microscope, toute l’historique du programme JSF (Joint Strike Fighter) de l’agence DARPA qui a été lancé en 1990 pour remplacer l’ensemble des avions légers de combats et d’attaque F-16 Falcon et F/A-18 Hornet du Département de la Défense des Etats-Unis par le F-22 de Boeing ou le F-35 de Lockheed Martin, le modèle qui a été choisi, le plus onéreux programme d’avion militaire de l’histoire. La guerre fait couler beaucoup d’encre, énormément de sang et encore plus d’argent. En dehors de ces sentiers, les grandes chaînes multinationales de cafés Starbucks, d’organismes génétiquement modifiés Monsanto et de restauration rapide McDonald’s livrent le même genre de conflit planétaire et en sont pratiquement devenues les plus célèbres symboles de la mondialisation à la fois au détriment de la qualité de la nourriture pour le profit d’une poignée de multi-milliardaires que pour les petites entreprises balayées sans scrupule par les gouvernements collaborateurs brandissant dans le social l’étendard de la création de nouveaux jobs. La pacification atlantiste commence dans les tranchées et s’achève dans les supermarchés.

L’équation intérêts stratégiques  = violences ethniques

5eiraq_hdRien de vraiment nouveau non plus depuis le 20 janvier 2009 où l’administration Obama, celle de la promesse du changement messianique, a pris le relais à la Maison Blanche à l’exception peut-être de l’extension de la croisade anti-terroriste au Pakistan et sa passoire de frontière étatique tribale dite ligne Durand que « les autorités afghanes – y compris les talibans, pourtant patronnés par Islamabad – n’ont jamais reconnu cette frontière, dont elles contestent le tracé. » Laurent Gayer, Guerre et sociétés en Afpak. Maintenant que la nationalisation irakienne de la compagnie pétrolière nationale de 1972 appartient aux arcanes du passé et que les questions de supervision des deux champs gaziers d’Akkas (ouest) et Mansouriyah (centre), et pétroliers de Missane (sud), Bai Hassan (nord), Kirkouk (nord), Qourna-ouest (sud), Zoubair (sud) et celui de Roumaila (sud), le plus grand des six champs pétroliers offerts à la compétition des compagnies étrangères, étant résolues manu militari, débattues entre le Premier Ministre Nouri al-Maliki, rappelant sûrement à titre d’information lors de la séance d’attributions que : « l’Irak flottait sur un lac de pétrole », et 31 sociétés dont des majors occidentales comprennant notamment les consortiums américains ExxonMobil Iraq Ltd, ConoccoPhillips, britannique BP Exploration Operating Company, britannique et néerlandais Shell, les groupes chinois CNPC Limited, CNOOC et Sinopec International, le français Total, et malaisienne Petronas, au-delà de la pacification par l’occidentalisme des bases arrières des groupes islamistes Hezb-e-Islami Gulbuddin, Hizbul Mujahideen, IMU, Jaish-e-Mohammed, Lashkar-e-Toiba qui se sont tous alliés à la Nébuleuse et des insurgés afghans du mollah Omar chassés de Kaboul en novembre 2001, pour le nouveau président Barack H. Obama qui a fait de l’Afpak son cheval de bataille en oubliant toutefois d’émettre sur les ondes qu’il comptait pousser l’escalade de la violence dans l’ensemble de la région, l’heure est venue d’annihiler le sentiment d’anti-américanisme, qui est très présent chez les communautés pachtounes du Pays des Wazirs, par les forces armées pakistanaises soutenues par les impitoyables drones et bombardements aériens du Pentagone ne faisant plus la différence entre un village de civils et un bastion de combattants, et tout en étant littéralement payées comme de vulgaires bandes de mercenaires, vues les énormes pertes militaires enregistrées en Irak et en Afghanistan par l’OTAN, par le Congrés des Etats-Unis qui a triplé son aide à Islamabad le 24 juin 2009 (7,5 milliards de dollars sur cinq ans) après l’acceptation du projet de loi présenté par le sénateur démocrate John Kerry et son collègue républicain Richard Lugar visant à « soutenir les Pakistanais et leur gouvernement démocrate dans leurs efforts visant à consolider la démocratie. » AFP. Encore plus de crédit à la croisade eurasienne, d’avantage de discordes inter-communautaires et de nouveaux renforts par milliers, ce n’est pas que nous sommes loin des aspirations de paix entre les musulmans et les occidentaux rabâchées dans le long discours de la présidence américaine au Caire trois semaines auparavant, c’est une toute autre direction qui a été prise par Washington. Celle de l’enlisement.

La course contre la montre

iran_carte« La Chine a en effet besoin des hydrocarbures produits par le Moyen-Orient, lequel possède les deux tiers des réserves mondiales. En contrôlant les pays du Golfe, l’Amérique tiendra sous sa dépendance son adversaire stratégique principal. Déjà, l’alliance entre Washington et Riyad (Arabie Saoudite) a donné depuis 1945 aux Etats-Unis le contrôle d’un quart des réserves du monde. La conquète de l’Irak en 2003 a augmenté ses réverses de 10% et, si l’Iran redevenait un allié des Etats-Unis dans les années à venir, ce sont encore 10% supplémentaires qui seraient placés sous leur coupe. » Aymeric Chauprade, Chronique du choc des civilisations. Même face à l’inexplicable regain massif de guerilla en Afghanistan entrainant de plus en plus de dommages collatéraux durant les opérations militaires de l’OTAN, jamais aucun des médias complices de la propagande de guerre contre les Talibans qui hébergent le soi-disant terrorisme mondial n’osera un seul instant aborder le sujet délicat des principaux enjeux vitaux de l’Axe du Bien : l’encerclement militaire de l’Iran et les pipelines trans-afghans pour faire sortir gaz et pétrole d’Asie Centrale depuis la ville de Mary au Turkménistan à travers l’ouest afghan entre Hérat et Kandahar jusqu’au port de Gwadar au Pakistan. Ce serait retirer la burqa qui cache la vérité à l’opinion publique du Canada à l’Australie en passant par le méridien de Greenwich. Il faut dire que le temps presse pour les conglomérats anglo-saxons. La concurrence a les dents longues et la moindre erreur lors d’une révolution colorée entraine de graves difficultés stratégiques comme celle avortée en mai 2005 à Tachkent en Ouzbékistan qui entrainera la fermeture de la base américaine de Karchi Karnad utilisée par les GI’s pour le convoi de matériel en Afghanistan. En 2004, l’analyste Dmitri Mangelev notait que « les Anglais ne sont pas ravis de voir les compagnies russes passer à l’offensive en Ouzbékistan. En effet, le gaz ouzbek part en Russie via des tubes contrôlés par Gazprom. » Vremia novosteï, 14 juillet 2004. Le président ouzbek Islam Karimov déclarait en août 2003, à l’occasion de la visite de Vladimir Poutine à Samarkand : « Le travail de Gazprom en matière de prospection et de production du gaz ouzbek nous intéresse. Nous estimons également que Gazprom doit être l’opérateur non seulement de la partie russe du tube « Asie centrale-Centre », mais aussi des parties kazakhes et ouzbèkes ». Avec pour seul rival le camarade Gazprom et faisant la grimace aux compagnies occidentales avec notamment son juteux contrat de 35 ans signé le 16 juin 2004 pour le partage de la production des importants gisements gaziers de Kandym, Khaouzak et Chady au sud-ouest du pays de Tamerlan, c’est l’hégémonie régionale pour Loukoïl qui revend sur les marchés chinois, coréen du sud et malaisien alors que le gaz devrait, ou aurait du, autant être sous le contrôle d’autres fournisseurs énergétiques aidés des ONG américaines locales que transiter par voies maritimes depuis le port pakistanais de Gwadar dans la province du Balouchistan vers d’autres recoins continentaux du globe. « L’ensemble des investissements russes dans le complexe énergétique ouzbek, qui s’élève à ce jour à 2,5 milliards de dollars, illustre la volonté de la Russie d’assurer son monopole sur les exportations de gaz d’Asie centrale et d’adopter une stratégie de diversification de ses réserves afin d’honorer ses contrats avec l’Europe. » Regard sur l’est, 1er avril 2007. Depuis la fin de la première ère de Poutine le président, les Russes ont plus que signé, ont resserré en janvier 2009 leurs précieux accords de partenariat stratégique avec l’Ouzbékistan qui s’était placé en 2006 au troisième rang des producteurs de gaz de la CEI, après la Russie et le Turkménistan, avec une production estimée à 62,4 milliards de m3 de gaz. Arme stratégique détenue à 50% par l’Etat russe, le géant Gazprom contrôle environ 87% des réserves de gaz en Russie, 20% des réserves mondiales et est devenu le premier exportateur de gaz au monde depuis sa création en 1989, la même année que la fin de la première guerre d’Afghanistan qui opposa les Soviétiques aux Moudjahidines.

Par Ahmiri Saïd pour MecanoBlog
Sources : Mondialisation.ca, Objection Votre Honneur, RFI, RIA Novosti, RMS, Wikipedia

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